Les secrets des différentes formes d’oreilles chez le chien
On distingue trois principales formes d’oreilles chez le chien. D’une race à une autre, et parfois même au sein d’une même race, l’aspect des oreilles est très variable. Mais quelles sont les origines de ces différences ? Et quelles sont les spécificités de chaque forme ? Voici un article pour percer les mystères – mais pas les tympans – des oreilles de nos amis les chiens !
Les oreilles droites
Les chiens aux oreilles droites sont principalement des chiens lupoïdes, c’est-à-dire que leurs spécificités anatomiques sont proches de celles du loup. La subdivision des canidés lupoïdes englobe une partie des chiens de berger (groupe 1) et des terriers (groupe 3) ainsi que les chiens de type spitz et de type primitif (groupe 5).
L’oreille droite s’avère la forme idoine pour recueillir les sons et les diriger vers l’oreille interne. Elle est notamment plus réceptive aux sons lointains que les autres formes d’oreille.
Qui plus est, un chien aux oreilles droites peut aisément orienter ces dernières en direction d’un son qui l’interpelle, et ce sans avoir besoin de bouger la tête.
On distingue deux types de port :
- le port vertical : les deux oreilles droites sont parallèles (exemple : le berger belge)
- le port divergent : les deux oreilles s’éloignent (ex. : le chihuahua, dont les oreilles sont positionnées à 10 h 10 !)
On sous-catégorise aussi les oreilles de chien droites en fonction de leur extrémité :
- oreilles à bout rond (ex.: bouledogue français, welsh corgi cardigan)
- oreilles à bout pointu (ex. : husky sibérien, Norwich terrier)
Les oreilles droites, qu’on appelle aussi « oreilles dressées », confèrent à leurs possesseurs une expression de surprise et d’excitation permanente. Une expression qu’on juge particulièrement amusante chez les tout petits chiens, à l’instar du westie, tandis qu’elle est plutôt impressionnante chez les grands gabarits (berger allemand, malinois, husky…) mais également chez les races au corps massif comme le bouvier australien ou le bull terrier. J’émets d’ailleurs l’hypothèse qu’inconsciemment, face à un chien qu’ils ne connaissent pas, les humains sont davantage intimidés si le toutou en question a les oreilles droites. Dans le langage corporel du chien, des oreilles dressées – qu’importe leur forme – peuvent être un signe d’agression. A minima, cela traduit l’attention du chien et sa disposition à passer à l’action. Ainsi, la vue d’un canidé aux oreilles dressées suscite peut-être davantage de méfiance de notre part, et ce quelle que soit l’attitude du chien. Par ailleurs, historiquement, les oreilles droites sont souvent associées aux chiens de garde, comme nous allons le voir.
Le cas des chiens aux oreilles coupées
L’otectomie est une opération chirurgicale consistant à couper partiellement le pavillon des oreilles d’un chien pour les redresser. Encore autorisée à des fins médicales, elle est toutefois totalement interdite en France pour tout autre motif, et ce depuis le 1er mai 2004. Cette pratique, autrefois populaire, relevait de considérations essentiellement « pratiques ». Chez les chiens exposés, voire destinés au combat, les oreilles s’apparentaient au talon d’Achille. En effet, ces chiens étaient souvent blessés (mordus, par exemple) au niveau des pavillons, qui saignant alors abondamment. Qui plus est, les oreilles des chiens étant très sensibles, elles pouvaient mettre beaucoup de temps à guérir. La taille des oreilles a ainsi été perçue comme un « bon » moyen de réduire les risques de blessures et de défaites au combat.
Plus tard, c’est essentiellement sur la base de critères esthétiques que cette mutilation a perduré. Jugés « plus beaux » et/ou « plus menaçants » avec les oreilles relevées, de nombreux chiens ont ainsi subi une otectomie. Cette amputation concernait essentiellement les races de chiens utilisées pour la garde ou la défense. C’est le cas entre autres du dobermann, du bauceron, du boxer, du pittbull, du bouvier des Flandres, du briard, du dogue allemand…
Les oreilles tombantes
Parmi les chiens aux oreilles tombantes, on distingue :
- les oreilles attachées haut (exemples : bouvier bernois, braque de Weimar)
- les oreilles attachées bas (exemples : caniche, setter Gordon)
Et le beagle, alors ? Ces oreilles appartiennent à la seconde catégorie. Personnellement, je ne trouve pas cela très flagrant. Elles semblent plutôt attachées à un niveau intermédiaire, à mon sens !
Chez certaines races, les oreilles tombantes sont spécifiques aux chiots. Ainsi, le berger allemand, le malinois et bien d’autres chiens naissent avec des oreilles qui pendent. C’est à partir de 2 mois (et jusqu’à 6 à 10 mois) que leurs pavillons vont naturellement se redresser. Parfois, les deux oreilles ne se redressent pas en même temps, ou elles retombent un temps puis se redressent plus tard. Il arrive aussi que les oreilles gardent indéfiniment leur cassure, notamment si elles sont trop lourdes ou si leur cartilage a été fragilisé. Ce n’est nullement un problème pour le bien-être de l’animal, et il convient alors de ne surtout pas forcer le redressement.
Oreilles et nez : intimement liés !
Saviez-vous que la position du pavillon auriculaire a permis de répondre à des besoins particuliers, au cours de l’évolution du chien et de son élevage ? Comme nous l’avons vu, les oreilles tombantes sont moins performantes que les oreilles droites pour la capture des sons. Ce qui s’apparente à une faiblesse n’en est pas forcément une pour autant. Ainsi, un sens pas ou moins sollicité peut favoriser un autre sens (on sait par exemple qu’une personne aveugle développe par compensation une très bonne audition). On considère ainsi qu’un chien moins distrait par les bruits ambiants peut plus facilement se concentrer sur son odorat et développer ses capacités olfactives. Ce n’est pas étonnant dès lors de retrouver de remarquables renifleurs, à l’image du beagle, parmi les races de chien à oreilles tombantes ! La catégorie morphologique des braccoïdes, qui rassemble des chiens au museau long et carré et aux oreilles pendantes, englobe ainsi les teckels (groupe 4) et les chiens de chasse des groupes 6 , 7 et 8.
Des oreilles plus sujettes aux inflammations
Le conduit auditif du chien ressemble à un « L » majuscule. Il descend verticalement avant de former un angle droit et de progresser jusqu’au tympan. Cette forme favorise l’accumulation de bactéries et de levures, celles-ci remontant difficilement le long du conduit. En matière d’hygiène, on pourrait penser que les chiens aux oreilles tombantes sont mieux lotis que celles aux oreilles droites, les pavillons baissés formant en quelque sorte un rempart contre la poussière et autres saletés. Dans les faits, les chiens à oreilles pendantes sont davantage exposés aux otites. Cela s’explique par une moins bonne aération de leur conduit auditif.
Les oreilles semi-dressées
Chez les chiens aux oreilles semi-dressées (ou « semi-droites »), la base du pavillon est relevée tandis que l’extrémité retombe en avant (« oreilles en V ») ou en arrière (« oreilles en rose »).
Parmi les chiens aux oreilles en forme de V, on peut citer le colley, dont seule la pointe est repliée. Pour d’autres chiens, c’est plus ou moins la moitié du pavillon qui retombe. C’est le cas notamment de plusieurs chiens du groupe 3 : le fox terrier, l’airdale terrier, le jack russel… À l’origine, ces petits chiens étaient utilisés pour déloger les nuisibles de leur abri sous-terrain. On suppose que pour ces chiens lupoïdes qui chassaient dans les tunnels, avoir des oreilles partiellement relevées (plutôt que complètement) offrait une protection de l’oreille interne.
Les oreilles en forme de rose (rapport à leur aspect enroulé, je suppose ?) sont très courantes chez les lévriers : barzoï, lévrier écossais, whippet, etc. Cette particularité anatomique favorise l’aérodynamisme de la tête, ce qui constitue un avantage chez les chiens de course. Preuve encore que la forme des oreilles d’un chien n’est pas le fruit du hasard !
Laisser un commentaire